o Crise de l’eau à Mayotte : l’État met la pression

Il faudrait augmenter la production d’eau de 5 % par an, mais les deux équipements prévus pour cela ont pris du retard.

Question de Mansour Kamardine, député (LR) de Mayotte :

Depuis cinq ans, l’accès continu à l’eau courante n’est plus assuré à Mayotte. En ce moment même, ses habitants n’ont de l’eau courante que cinq jours par semaine, et de l’eau potable que trois jours par semaine. Pire, l’eau courante n’est plus potable pour les enfants de moins de quatre ans dans plusieurs parties du territoire.

Pourtant, un plan d’urgence eau a été élaboré en 2017. Il prévoyait la construction en urgence, à Petite-Terre, d’une usine de dessalement produisant 6 000 m3/j et d’une retenue collinaire. Cinq ans après, cette usine de dessalement n’est toujours pas fonctionnelle et l’État n’a toujours pas lancé la déclaration d’utilité publique (DUP) réclamée depuis trois ans pour la retenue collinaire.

L’État est responsable de cette crise, car c’est lui qui a tordu le bras du syndicat mixte d’eau et d’assainissement de Mayotte (Smeam), pour confier 9 M de fonds européens à un opérateur privé incapable de respecter ses engagements concernant l’usine de dessalement. Et rien ne justifie les trois ans de retard pris pour lancer la DUP. Quand cette crise sera-t-elle résolue ?

Réponse du ministre des outre-mers :

Je vous trouve un peu sévère à l’égard de l’État, mais je vous rejoins bien volontiers sur l’urgence et sur le fond. L’évolution démographique de Mayotte crée un besoin : il s’agit d’augmenter la production d’eau de pratiquement 5 % chaque année ; l’enjeu est donc de taille, car nous sommes confrontés à un problème de production. Comme vous le savez, l’eau est une compétence décentralisée, et l’État respecte les compétences du Smeam : il l’accompagne sans se substituer à lui. Il a ainsi déjà budgété 67 M dans le plan d’urgence, à quoi s’ajouteront 13 M pour 2021 et 2022 dans le cadre du plan de relance.

L’usine de dessalement est en retard

Je pense comme vous à propos de l’usine de dessalement de Petite-Terre : le compte n’y est pas de la part du délégataire Vinci. Les représentants de l’entreprise ont été reçus récemment à deux reprises par mon cabinet, mais le dossier n’avance pas assez vite. Je leur ai donc enjoint par écrit de nous fournir un calendrier précis. Ils semblent prévoir une mise en service pour fin 2022, ce qui me paraît trop éloigné. Je vous rendrai compte rapidement des avancées des discussions sur ce dossier.

Je souhaite également que nous avancions sur la troisième retenue collinaire. L’État a proposé plusieurs fois aux élus du territoire de se substituer à eux afin d’assurer la maîtrise d’ouvrage ; nous n’avons toujours pas de réponse. Là aussi, je prends l’engagement devant vous de continuer à avancer. Si les autorités locales souhaitent assurer la maîtrise d’ouvrage, l’État répondra présent pour financer, non seulement les études, mais également les travaux.

AN, 23 nov. 2021, 2séance.

Retour