Développer l’éducation au service de la transition écologique

Quelques suggestions nouvelles pour donner aux enseignants, aux formateurs, à leurs établissements et au système éducatif en général l’envie de s’impliquer dans l’éducation à l’environnement.

Oui aux trois piliers du développement durable : l’environnemental, l’économique et le social ! Toutefois, estime le Conseil de l’Union européenne, sous présidence française, l’apprentissage en faveur du développement durable doit accorder une attention particulière au pilier environnemental, d’où la présente recommandation. Dans ce texte, la notion d’apprentissage englobe toute forme organisée d’acquisition de connaissances, y compris le système scolaire classique.

L’apprentissage au service de la transition écologique et du développement durable aide les apprenants de tous âges à acquérir les connaissances, les compétences et les attitudes nécessaires pour vivre de manière plus durable, à modifier les modes de consommation et de production, à adopter des modes de vie plus sains et à contribuer à une économie et à une société plus durables.

Il contribue également à renforcer des aptitudes et compétences de plus en plus indispensables sur le marché du travail. Il favorise la compréhension des défis mondiaux auxquels nous sommes confrontés, y compris la crise climatique, la dégradation de l’environnement et la perte de biodiversité.

Les jeunes sont de plus en plus sensibilisés et désireux de s’engager en faveur des questions de développement durable, en particulier des questions ayant trait à l’environnement et au climat. Les résultats d’une enquête Eurobaromètre publiée en mai 2022 indiquent que les jeunes de l’UE considèrent que « protéger l’environnement et lutter contre le changement climatique » constitue l’une des principales priorités sur lesquelles l’Année européenne de la jeunesse 2022 devrait se concentrer.

Des élèves sensibilisés mais impuissants

Les données de l’OCDE pour 2018 montrent que les élèves de quinze ans sont déjà très sensibilisés au changement climatique et à la crise environnementale, ainsi qu’à la nécessité de s’y attaquer. Toutefois, ces mêmes données révèlent qu’un nombre d’élèves bien moindre s’estiment en capacité de pouvoir réellement faire la différence. L’étendue de la crise environnementale et climatique peut faire naître le sentiment d’être submergés et démunis, sentiment qui peut être exacerbé par les informations inexactes et par la désinformation.

Il est très important que les systèmes et les établissements d’éducation et de formation donnent suite aux revendications de plus en plus nombreuses de la jeunesse concernant les crises liées au climat et à la biodiversité, et qu’ils associent les jeunes à la conception de solutions mettant l’apprentissage au service de la transition écologique et du développement durable visant à agir pour un avenir durable. Or on constate que la durabilité n’est pas encore une caractéristique systémique de l’éducation et de la formation dans l’ensemble de l’UE.

L’intégration systématique de la dimension de l’éducation et de la formation dans d’autres politiques liées à la transition écologique et au développement durable, dans une perspective d’apprentissage tout au long de la vie, peut renforcer la réalisation de ces politiques. Une telle intégration peut aussi mettre en relation différents secteurs de la société et de l’économie et intégrer efficacement la durabilité dans l’éducation et la formation.

Pour une éducation de qualité sur l’environnement

C’est pourquoi, dans le respect des spécificités des différents systèmes nationaux et locaux d’enseignement, le Conseil recommande aux États membres d’intensifier et de renforcer les efforts visant à soutenir les systèmes d’éducation et de formation, pour ce qui est de prendre des mesures en faveur de la transition écologique et du développement durable, afin que les apprenants de tous les âges et de tous les horizons puissent accéder à une éducation et à une formation équitables et de qualité sur la durabilité, le changement climatique, la protection de l’environnement et la biodiversité, en tenant compte des considérations environnementales, sociales et économiques.

Il leur recommande aussi de faire de l’apprentissage au service de la transition écologique et du développement durable l’un des domaines prioritaires des politiques et programmes d’éducation et de formation, afin de soutenir le secteur et de lui permettre de contribuer à un avenir durable, en associant tous les acteurs concernés du système d’éducation et de formation, ainsi que les parties prenantes d’autres secteurs pertinents.

Cela implique d’orienter les stratégies et les plans en matière d’éducation et de formation vers la transition écologique et le développement durable, en coopération avec les parties prenantes, y compris en ce qui concerne les programmes d’études et l’évaluation, ainsi que la formation initiale des éducateurs et leur perfectionnement professionnel continu. Il conviendrait aussi de soutenir ces stratégies, y compris sur des concepts connexes tels que l’éducation au développement durable, au moyen de mécanismes de suivi et de contrôle.

Il serait souhaitable de sensibiliser aux avantages et aux possibilités qu’offre l’apprentissage au service de la transition écologique et du développement durable, et de soutenir les établissements d’enseignement et de formation, y compris les services d’éducation et d’accueil des jeunes enfants, pour faire en sorte que les questions liées au changement climatique, à la protection de l’environnement, à la biodiversité et à la durabilité fassent partie intégrante de la vie quotidienne de leurs apprenants et pour favoriser une culture de la durabilité.

Cela implique aussi de soutenir et d’améliorer l’enseignement et l’apprentissage au service de la transition écologique et du développement durable, en fournissant des infrastructures, des outils numériques et des ressources et en favorisant les compétences numériques des éducateurs.

Créer un sentiment de curiosité et d’émerveillement

Les États membres sont aussi invités à donner aux apprenants, dès l’âge préscolaire, la possibilité de comprendre et d’apprécier le milieu naturel et sa biodiversité et d’interagir avec eux, afin de « créer un sentiment de curiosité et d’émerveillement », et de leur apprendre à agir au service de la durabilité, individuellement et collectivement.

Ils pourraient renforcer, notamment par un soutien financier, un apprentissage de qualité tout au long de la vie au service de la transition écologique et du développement durable, y compris dans le cadre de stages, d’apprentissages, d’actions de volontariat, d’activités extrascolaires, d’activités d’animation socio-éducative et d’autres formes d’apprentissage.

Il leur incombe en outre de fournir des informations factuelles et accessibles sur les crises liées au climat, à l’environnement et à la biodiversité, et sur les causes de ces crises, comme convenu dans le cadre de la convention d’Aarhus.

Les États membres pourraient aider davantage les éducateurs à faciliter l’apprentissage au service de la transition écologique et du développement durable. Pour cela, ils pourraient reconnaître que tous les éducateurs, quels que soient leur discipline ou leur domaine d’éducation, sont des éducateurs à la durabilité environnementale qui doivent aider leurs apprenants à préparer la transition écologique.

Ils pourraient leur permettre d’accroître les connaissances de leurs apprenants sur les objectifs de développement durable, et soutenir les éducateurs en ce qui concerne l’élaboration de cursus et de programmes et d’autres réformes éducatives liées à la transition écologique et au développement durable, et la conception d’un développement professionnel approprié.

Intégrer la transition écologique dans la formation des enseignants

Il serait souhaitable d’intégrer la transition écologique et le développement durable dans les programmes de formation initiale des enseignants et des formateurs, ainsi que dans les programmes de perfectionnement professionnel continu et dans les normes et cadres professionnels des enseignants afin de favoriser le développement des compétences des éducateurs en matière de durabilité.

Les éducateurs pourraient être incités à participer à des programmes de perfectionnement professionnel dans le domaine de la durabilité, par exemple par la prise en compte de ces programmes dans la progression de carrière.

À l’échelle des établissements d’enseignement et de formation, il serait intéressant d’encourager et de faciliter des approches efficaces de la durabilité, en sensibilisant les équipes pédagogiques et le reste du personnel, les élèves ou étudiants et leurs familles, et les gestionnaires des bâtiments et des ressources. Cela impliquerait de soutenir les responsables de l’éducation dans la gestion de ce changement organisationnel, en leur proposant un perfectionnement professionnel ciblé.

Cette évolution progressive devra passer par de petites étapes mesurables, faisant l’objet d’un suivi et d’une évaluation continus, y compris au moyen d’une auto-évaluation par l’établissement. Des progrès dans cette voie pourraient être associés à des financements spécifiques.

Faire appel aux compétences des associations

Dans la même logique, les établissements d’enseignement supérieur et de formation permanente pourraient intégrer davantage la transition écologique et le développement durable dans leurs programmes, leurs cursus et leurs modules, dans toute une série de disciplines, notamment les études commerciales, les sciences sociales, les sciences pédagogiques, les sciences humaines, les arts, l’architecture et l’ingénierie, l’aménagement et la gestion du territoire. Ils pourraient utiliser pour ce faire les ressources et le matériel mis au point par des organisations non gouvernementales environnementales et éducatives et par d’autres organismes compétents.

De son côté, la Commission européenne est invitée à faciliter la coopération et l’apprentissage par les pairs entre les États membres et les parties prenantes en matière d’apprentissage au service de la transition écologique et du développement durable. Elle pourrait notamment élaborer, partager et mettre à disposition des ressources, du matériel et des études concernant cet apprentissage, notamment pour aider les éducateurs à enseigner ces matières. Elle pourrait décerner des prix pour reconnaître les efforts remarquables réalisés dans ce domaine.

Sans alourdir les charges des États membres, elle pourrait suivre le développement des compétences ou des attitudes favorables à la durabilité environnementale dans l’enseignement supérieur, chez les diplômés de la formation permanente et parmi les chercheurs en début de carrière, au moyen des enquêtes qui existent déjà à l’échelle européenne, telles que l’initiative européenne de suivi des diplômés, par exemple en ajoutant à ces enquêtes des questions sur ces attitudes.

Renforcer la dimension écologique des programmes Erasmus+

En élaborant de nouveaux indicateurs, elle pourrait suivre les progrès accomplis dans ce domaine, dans le cadre des rapports existants sur l’espace européen de l’éducation et le pacte vert pour l’Europe.

Enfin, elle pourrait continuer à renforcer la dimension écologique des programmes Erasmus+ et du corps européen de solidarité, dans les deux cas par la mobilité durable, la coopération en ligne, les pratiques écologiques dans le cadre des projets et une attention particulière à la transition écologique et au développement durable dans la coopération entre les différents acteurs de l’éducation, de la formation et de la jeunesse.

Recommandation du Conseil du 16 juin 2022 sur l’apprentissage au service de la transition écologique et du développement durable (JOUE C 243, 27 juin 2022, p. 1).

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