o La Vendée pourra-t-elle produire de l’eau potable à partir des eaux usées ?

Le budget de cette expérimentation est difficile à boucler.

Question d’Annick Billon, sénatrice (UC) de la Vendée :

Pour réduire ses prélèvements, le syndicat départemental Vendée Eau a élaboré le projet Jourdain, qui permettra de produire de l’eau potable à partir d’eaux usées. Après un traitement poussé, comportant notamment une unité d’affinage, ces eaux usées seront rejetées dans une zone de transition végétalisée, avant d’être repompées pour être transformées en eau potable.

Cette expérimentation est une première en Europe. Elle pourrait fournir des ressources en eau considérables. Reproductible, elle peut constituer une réponse pertinente pour de nombreux territoires, en particulier littoraux. Le budget prévisionnel du projet Jourdain s’élève à 17 M sur dix ans. L’agence de l’eau Loire-Bretagne a apporté une aide de 4 M sur les 9 M engagés depuis 2017 pour la première phase du projet, mais elle n’a pas l’intention d’aller plus loin.

Ainsi, la canalisation, la zone végétalisée et les études d’impact indispensables à la réalisation de ce projet ne seraient pas éligibles à une aide, ce qui risque de compromettre cette expérimentation, sauf à s’orienter vers un financement privé. Pouvons-nous raisonnablement confier à des sociétés privées le soin d’offrir une réponse au besoin de ressource en eau, alors qu’un organisme d’État est censé s’y consacrer ? Pouvez-vous vous engager à financer ce projet ?

Réponse de la secrétaire d’État auprès de la ministre de la transition écologique, chargée de la biodiversité :

Le projet Jourdain est effectivement très innovant. Ce démonstrateur expérimental permettra de tester et d’évaluer in situ une solution de recyclage indirect des eaux usées traitées, ce qui offre des perspectives de réutilisation des eaux usées après affinage pour compléter la ressource en eau. Le budget de la première phase s’élève précisément à 8,69 M, dont l’agence de l’eau a fourni 4,18 M, la région, 1 M provenant du Fonds européen de développement régional, et le département, 1,7 M.

Les prochaines phases concernent la canalisation et les ouvrages associés, la zone de transition et les études et bilans. Vendée Eau estime désormais qu’il faudra pour cela un budget de 13 M. Nous sommes donc à la recherche de financements complémentaires dans le cadre d’un tour de table.

La vision globale des prochaines étapes du projet doit inclure la démonstration de son caractère reconductible. L’ensemble de ces priorités justifie bien un financement exceptionnel : l’agence de l’eau étudiera ce projet afin d’évaluer le soutien qu’elle peut encore lui apporter, en complément des partenaires financeurs. La décision appartient au conseil d’administration et à la commission d’intervention de l’agence. Cela étant, le tour de table semble bien parti : de forts investissements ont déjà été consentis et tous les partenaires semblent décidés à soutenir ce projet jusqu’au bout.

Réplique d’Annick Billon :

Ce que j’attends de vous, c’est une réponse sur la deuxième phase du projet. Le ministère dit que c’est un bon projet et l’agence de l’eau a participé à sa première phase, mais on ne sait toujours pas comment financer cette deuxième phase. L’agence de l’eau acceptera peut-être de participer, mais elle demande à sectionner les différents travaux, ce qui est impossible.

JO Sénat CR, 26 janv. 2022, p. 936.

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