Le chlorothalonil sera ajouté au contrôle sanitaire des eaux

Certains services d’eau contrôlent déjà ce fongicide et ses métabolites. Cette surveillance sera progressivement généralisée.

Question de Nicolas Thierry, député (Éco) de la Gironde :

Selon un rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), un tiers de l’eau potable distribuée est contaminé par les métabolites du chlorothalonil, pesticide interdit en France depuis 2020, alors que l’on savait au moins depuis 2006, par la Commission européenne, qu’il pouvait polluer notre eau potable. Comment se fait-il que ce métabolite n’ait pas fait l’objet d’une surveillance plus précoce par les services de l’État, alors que le risque était connu ?

Aujourd’hui, vous prétendez que les résidus de chlorothalonil dans l’eau ne présentent pas de risque sanitaire. Mais en réalité, aucune recherche probante sur la toxicité des métabolites n’a été conduite. Il n’existe donc aucune certitude sur les effets sanitaires à long terme d’une exposition répétée, même à petite dose, aux métabolites du chlorothalonil. Une étude sera menée par le géant de l’agrochimie Syngenta, mais sa méthodologie ne permettra pas de connaître les effets à long terme. Et comment se fait-il que le pollueur soit aussi le commanditaire de cette étude ?

Réponse de la ministre déléguée chargée de l’organisation territoriale et des professions de santé :

La qualité de l’eau destinée à la consommation humaine (EDCH) et la surveillance de cette qualité constituent des enjeux majeurs en matière de santé publique, à la fois au niveau national et au niveau européen. C’est pour cela que la direction générale de la santé confie régulièrement des missions aux agences d’expertise françaises, afin de disposer de données sanitaires sur les pesticides et leurs métabolites. Il est essentiel de connaître l’exposition de la population à certains contaminants présents dans l’EDCH pour évaluer les risques sanitaires et compléter la liste des substances à surveiller.

Aucun dépassement constaté de la valeur sanitaire transitoire

L’Anses a ainsi publié les principaux résultats de la dernière campagne exploratoire 2020-2022 de mesure de l’occurrence de composés émergents dans l’EDCH. Ils mettent en évidence la contamination des ressources en eau de métropole par différents métabolites, dont celui du chlorothalonil, un fongicide interdit en France depuis 2020. Cette pollution représente-t-elle un risque sanitaire ? À ce jour, cette campagne exploratoire a révélé des concentrations maximales de 2 µg/l par litre. Or la valeur sanitaire transitoire permettant de prévenir un risque sanitaire est de 3 µg/l par litre. Les échantillons prélevés ne présentent donc pas de risque sanitaire.

Plusieurs responsables de la production et de la distribution d’eau ont déjà intégré le chlorothalonil et ses métabolites dans leur plan de surveillance. De même, les agences régionales de santé les intégreront progressivement dans leur programme de contrôle sanitaire des eaux, à partir de cette année. Cela permettra d’améliorer la qualité de l’eau quand il le faut, en particulier dans les zones de captage, et d’adapter les mesures nécessaires aux spécificités territoriales.

JOAN CR, 12 avr. 2023, p. 3743.

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