Les bassines et les retenues collinaires ne sont pas possibles partout

Ces stockages supplémentaires devront s’inscrire dans un projet de territoire élaboré en concertation.

Question de Mathilde Hignet, députée (LFI) d’Ille-et-Vilaine :

Après la sécheresse estivale, voilà la sécheresse hivernale : ce n’est pas une surprise, c’est une conséquence du changement climatique. Les scientifiques nous alertent depuis longtemps sur la diminution de notre ressource en eau. Vous comptez créer une cellule interministérielle chargée d’anticiper les risques et les mesures à prendre en cas de sécheresse. Mais il est trop tard pour anticiper : la sécheresse est là. Depuis l’été dernier, les nappes phréatiques ne se sont pas remplies. Nos paysans sont déjà en difficulté. Les maraîchers vont commencer l’été sans réserves d’eau. Que proposez-vous comme solution pour eux ?

Nous pouvons convenir que creuser des bassines n’est pas une bonne solution alors qu’il ne pleut pas. J’espère que vous aurez de meilleures idées que l’été dernier : alors que les paysans n’étaient plus autorisés à arroser leurs cultures, ici même, l’eau coulait à flots pour garder bien verts les petits coins d’herbe de l’Assemblée nationale. Il est temps de revoir nos priorités. L’eau ne peut être utilisée sans limite. Oui, des restrictions d’urgence doivent être mises en place, mais cela ne résout pas le problème à long terme.

Que proposez-vous pour accompagner les paysans dans l’évolution de leurs modes de production, pour les aider à adapter leurs pratiques, notamment en remplaçant le maïs par des plantes non irriguées ? Que proposez-vous pour améliorer le stockage de l’eau dans les sols, outre la plantation de haies ? Plus globalement, que proposez-vous pour remédier à la vétusté des canalisations ? La sécheresse ne doit pas être pensée seulement en situation de crise, mais dans sa globalité, afin de remonter à la source du problème.

Réponse de la secrétaire d’État chargée de l’écologie :

Ces dernières années, la multiplication des sécheresses a démontré que la question de l’eau et de son partage est un sujet majeur d’adaptation au changement climatique. Nous devons mieux anticiper la diminution de la ressource en eau et mieux préparer les sécheresses à venir.

C’est tout l’objet du plan eau que la Première ministre présentera ce mois-ci. Dans le cadre de la planification écologique, nous devons engager une réelle transition en trois axes : d’abord, la sobriété de nos usages ; ensuite, la garantie de l’accès à une eau potable de qualité ; enfin, la restauration du grand cycle de l’eau. Ce travail s’inscrit dans la continuité des Assises de l’eau et du Varenne agricole. Il s’agit de concilier, à l’échelle des territoires, la moindre disponibilité de la ressource avec des besoins accrus en eau.

La pertinence des réserves de substitution doit être appréciée au cas par cas, sans en faire une solution miracle ni un tabou. Chaque projet qui respectera les critères exigeants que nous aurons fixés pourra être validé. Le stockage hivernal ne doit pas être écarté, lorsque les expertises techniques le jugent soutenable pour les milieux, qu’il s’inscrit dans un projet territorial largement concerté favorable à la transition agroenvironnementale et qu’il participe à un meilleur partage de la ressource.

Il n’est pas l’unique solution et, dans beaucoup de territoires, il ne sera techniquement pas possible, mais il fait partie du panel de solutions à utiliser. Le remplissage est encadré de manière très stricte afin de limiter son impact environnemental ; ainsi, certains ouvrages sont déjà quasiment pleins là où il a plu, tandis que d’autres présentent un taux de remplissage faible qui augmentera au printemps.

AN, 28 févr. 2023, 2e séance.

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