Essentiel pour la gestion de l’eau, le canalisateur est chargé de poser les réseaux et les accessoires pour l’eau potable, les eaux usées et les eaux pluviales. Il intervient aussi dans la réparation des fuites d’eau.
Créé en 2003, le titre professionnel de canalisateur est révisé régulièrement. Sa précédente version remonte à 2016 et a été prorogée en 2020. La nouvelle version sera valable cinq ans à compter du 23 octobre 2023.
Ce titre est classé au niveau 3 du cadre national des certifications professionnelles et dans les domaines d’activité 231s et 341 (codes NSF). Il est constitué des trois blocs de compétences sanctionnés par des certificats de compétences professionnelles (CCP) : réaliser les opérations connexes à la pose d’une canalisation enterrée, construire un réseau d’assainissement en tranchée ouverte, construire un réseau d’adduction d’eau potable en tranchée ouverte.
Construire un réseau d’eau en tranchée ouverte
La version précédente comportait également trois CCP, dont les intitulés étaient légèrement différents mais recouvraient à peu près les mêmes champs de compétences. Les titulaires de ces anciennes versions peuvent obtenir les nouvelles par correspondance. Les titulaires du CCP « Réaliser les travaux de préparation et réaliser les couches structurantes d’une voirie », dans le titre professionnel de maçon en voirie et réseaux divers, peuvent également obtenir par correspondance le premier CCP du titre professionnel de canalisateur.
Dans le détail, le premier CCP atteste que son titulaire sait effectuer les opérations préalables à la pose d’un réseau enterré, suivre le terrassement, sécuriser et régler le fond de fouille d’une tranchée, réaliser l’enrobage de la canalisation, le remblaiement et le compactage de la tranchée, et réaliser les ouvrages coulés en place et maçonnés d’un chantier de canalisations.
Réparer une fuite sur une adduction d’eau potable
Le deuxième atteste qu’il sait poser en tranchée un collecteur d’assainissement d’eaux usées ou pluviales, raccorder une grille ou un avaloir au collecteur principal, poser un regard de visite d’assainissement ou se raccorder sur un regard existant, et réaliser les branchements particuliers, eaux usées et eaux pluviales.
Le troisième atteste qu’il sait raccorder un réseau neuf ou réparer une fuite sur une adduction d’eau potable existante, poser en tranchée une canalisation d’eau potable, poser les appareillages et accessoires de fontainerie sur une canalisation d’adduction d’eau potable, réaliser les différents types de branchements sur un réseau d’adduction d’eau potable, désinfecter une canalisation d’adduction d’eau potable et procéder aux essais.
Le canalisateur intervient dans la construction d’ouvrages de collecte d’eaux usées ou d’eaux pluviales et de distribution d’eau potable. Ces travaux sont réalisés dans le cadre d’une création pour une extension de réseaux afin de desservir de nouvelles habitations ou de nouvelles zones d’activités industrielles et commerciales, de création de réseaux de collecte d’eaux usées ou d’eaux pluviales, de renouvellements programmés des réseaux d’eau potable et d’eaux usées, et d’interventions non programmées pour réparer des fuites ou des dommages sur les réseaux d’adduction d’eau potable et d’eaux usées existants. Il réalise également les branchements d’eau potable, y compris ceux relatifs aux équipements de lutte contre l’incendie, et d’assainissement pour raccorder de nouveaux clients.
Travaux assimilables à des missions de service public
L’ensemble de ces opérations sont assimilables à des missions de service public, afin de garantir à toute la population une alimentation en eau potable de qualité et de contribuer à la protection de l’environnement par le biais de la collecte et du traitement des eaux usées, ainsi que de réduire les risques d’inondation par la collecte et le stockage des eaux de ruissellement.
À partir de plans ou de schémas et des directives orales du responsable de chantier, le canalisateur installe la signalisation temporaire et les protections collectives pour sécuriser l’environnement de travail. Il veille à leur maintien pendant toute la durée du chantier. Aux côtés du responsable de chantier, il procède au repérage et au piquetage des réseaux et ouvrages existants sur l’emprise du chantier à l’aide des plans des réseaux et des observations du terrain.
Ensuite, il aide le responsable de chantier à l’implantation des ouvrages projetés au moyen de matériels de mesure, et il matérialise au sol les informations qui permettront d’ouvrir les tranchées en intégrant la présence d’autres réseaux aériens et souterrains. Il dépose les éléments de voirie et découpe les couches superficielles de chaussée. Il suit l’ouverture mécanique de la tranchée en contrôlant sa largeur, sa profondeur et sa pente. Il sécurise la fouille en installant des blindages et protections de fouille. Il réalise la finition manuelle du terrassement.
Lorsqu’il réalise ces tâches, il intervient comme suiveur du conducteur de l’engin de terrassement. À ce titre, le canalisateur doit être titulaire de l’autorisation d’intervention à proximité des réseaux, niveau opérateur, et de l’habilitation électrique adaptée aux situations de travail.
Pose des tuyaux, des regards et des accessoires
Une fois le terrassement effectué, il règle le lit de pose en gravier, grave, sable, etc. Il pose et assemble différents types de tuyaux en polychlorure de vinyle (PVC), fonte, grès, polyéthylène à haute densité (PEHD), polypropylène (PP), polyester renforcé de fibres de verre (PRV), etc. Il pose également des éléments de regards préfabriqués et des accessoires. Il construit des regards béton coulés en place et réalise les fonds des regards ou cunettes canalisant les eaux de surface.
Dans le cas de l’adduction d’eau potable, il assemble les tuyaux en fonte, en PVC ou en PEHD. Il monte les accessoires de fontainerie et réalise les branchements particuliers. Il coffre et coule les butées en béton qui évitent le déboîtement des tuyaux sous l’effet de la pression. Il cale les reins de la conduite et enrobe les tuyaux jusqu’à la hauteur demandée.
Dans tous les cas, il remblaie la tranchée par couches successivement compactées, en ayant intercalé le dispositif avertisseur de la couleur conventionnelle appropriée. Après la pose du réseau et avant sa mise en service, il procède aux essais d’étanchéité et, pour l’eau potable, à la désinfection du tronçon de réseau sous le contrôle et les directives de son responsable de chantier. À l’issue de ces opérations, il remet en état la voirie et les trottoirs de façon provisoire ou définitive afin de rétablir la circulation piétonnière et automobile.
L’activité se mène en équipe, sur des chantiers souvent en milieu urbain ou dans des zones encore vierges lors de la viabilisation de parcelles. Les travaux sont réalisés à partir des consignes données par le responsable de chantier. La nature et l’importance des travaux, les plannings des chantiers et les conditions météorologiques conduisent parfois à des adaptations d’horaires. Le canalisateur est soumis aux conditions climatiques. Les chantiers éloignés induisent des déplacements dont la fréquence et la durée dépendent de l’activité et de la spécialisation de l’entreprise. Le canalisateur exploite les manuels d’utilisation des constructeurs et les préconisations des fabricants pour la mise en œuvre des matériels et des produits.
En tant qu’acteur clé sur les chantiers de travaux publics, le canalisateur joue un rôle essentiel dans la préservation de l’environnement et les économies d’énergie. Sous les directives de l’encadrement, il contribue à optimiser les pratiques de construction et à réduire les déchets, avec des pratiques plus durables ayant pour effets des impacts positifs sur l’environnement et l’économie, améliorant ainsi la qualité de vie de tous les usagers.
Limiter les perturbations des écosystèmes locaux
Durant sa formation, il est sensibilisé et informé des meilleures pratiques à adopter en matière de construction durable, de préservation de l’environnement et de sécurité au travail. Cela inclut l’utilisation responsable des ressources, telles que les matériaux recyclés ou à faible empreinte carbone, la gestion responsable des ressources naturelles, par la mise en place de techniques de construction respectueuses de l’environnement qui limitent les perturbations des écosystèmes locaux lors de la réalisation de ses travaux. Il contribue à son niveau à protéger l’environnement sur les chantiers de travaux publics sur lesquels il évolue, notamment en sensibilisant ses collègues.
Il connaît les risques professionnels, les identifie dans ses situations de travail et prend les mesures de protection collective et individuelle visant à supprimer, limiter ou éviter l’exposition au danger. Il sait identifier les risques potentiels tels que la présence de matériaux et produits susceptibles de contenir de l’amiante. Il exerce l’activité dans le respect des règles de sécurité collective et individuelle.
Lors des travaux d’urgence, il doit être titulaire d’une attestation d’intervention à proximité des réseaux (AIPR), niveau opérateur, délivrée par son employeur. Par ailleurs dans certaines situations professionnelles, une autorisation de conduite d’engins autoportés ou une habilitation électrique délivrée par le responsable de l’entreprise peuvent être nécessaires.
L’activité est soumise à de nombreuses contraintes réglementaires concernant les interventions à proximité des réseaux, notamment des réseaux électriques sous tension, les interventions sur des matériaux ou produits contenant de l’amiante et la conduite d’engins. Les références des textes applicables à ces situations sont détaillées dans l’annexe du présent texte. En théorie, les obligations concernant les interventions en milieu confiné ne s’appliquent pas au titre professionnel de canalisateur.
Arrêté du 7 septembre 2023 relatif au titre professionnel de canalisateur (JO 27 sept. 2023, texte no 18).