o Relèvement des températures des rejets de trois centrales nucléaires

EDF demandait une dérogation jusqu’au 8 août. L’ASN la lui accorde jusqu’au 24 juillet seulement.

Difficile de respecter le plafond thermique des rejets quand la température de l’eau prélevée est déjà supérieure à ce plafond. Une telle exigence serait même absurde, à l’évidence, et l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) relève par conséquent ce plafond temporairement pour trois des centrales nucléaires qui ne sont pas à l’arrêt.

On aurait pu choisir de les mettre en pause, mais le gestionnaire du réseau de transport d’électricité a fait savoir qu’elles devaient continuer à produire un minimum pour assurer la sécurité du réseau. Cette nécessité a été confirmée par le ministère de la transition énergétique. L’exploitant de ces centrales, EDF, demande donc une dérogation jusqu’au 8 août, en proposant de nouvelles limites temporaires pour le paramètre thermique, fondées sur l’échauffement du milieu naturel, et en s’engageant en échange à renforcer son programme de surveillance de l’environnement.

Les services de l’État chargés de l’eau et de la biodiversité sont prêts à accepter cette dérogation, à condition d’être informés lors de sa mise en application et d’obtenir les résultats de la surveillance renforcée pour détecter une éventuelle évolution du milieu récepteur. L’ASN juge acceptable la demande d’EDF, au regard du retour d’expérience de la surveillance de l’environnement spécifiquement réalisée par l’exploitant lors d’épisodes caniculaires antérieurs, ainsi que du suivi sur le long terme des écosystèmes concernés.

Dérogation jusqu’au 24 juillet

La dérogation n’est accordée que jusqu’au 24 juillet inclus au plus tard. Les rejets sont autorisés pour la centrale de Saint-Alban-Saint-Maurice à condition que l’échauffement après mélange des effluents dans le Rhône ne dépasse pas 3 °C en valeur moyenne journalière. Pour la centrale du Blayais, la différence entre les eaux de refroidissement prélevées dans la Gironde et les eaux rejetées ne doit pas dépasser 11 °C en valeur moyenne journalière. Et pour la centrale de Golfech, la température de la Garonne en aval, après mélange des rejets, ne doit pas dépasser de plus de 0,3 °C celle de l’amont, en valeur moyenne horaire.

EDF ne peut appliquer cette dérogation que lorsque le gestionnaire du réseau de transport d’électricité requiert le fonctionnement de la ou des installations concernées à un niveau de puissance minimal pour assurer la sécurité du réseau électrique ou l’équilibre entre la consommation et la production d’électricité du pays.

L’exploitant procède à une surveillance spécifique de l’environnement pendant toute la période concernée et transmet chaque jour le relevé des températures constatées à l’ASN, au ministère chargé de la sûreté nucléaire, aux préfectures et aux directions régionales de l’environnement, de l’aménagement et du logement concernées. Il les informe des répercussions éventuellement observées sur l’environnement aquatique, notamment sur la vie piscicole.

Mesures compensatoires

Au plus tard le 31 octobre 2022, EDF leur adresse un bilan du fonctionnement des centrales nucléaires concernées pendant l’été 2022 et une évaluation préliminaire de l’éventuel impact du fonctionnement de ces centrales sur l’environnement aquatique ; si des impacts sur les milieux dégradés ou les espèces impactées sont relevées, elle indique les mesures compensatoires correspondantes. L’évaluation définitive est transmise au plus tard le 31 mars 2023 et les principales conclusions figurent dans le rapport annuel de chaque centrale concernée.

Arrêté du 15 juillet 2022 portant homologation de la décision n2022-DC-0728 de l’Autorité de sûreté nucléaire du 13 juillet 2022 fixant, de manière temporaire, de nouvelles limites de rejets thermiques applicables aux réacteurs des centrales nucléaires du Blayais (INB n86 et n110), de Saint-Alban-Saint-Maurice (INB n119 et n120) et de Golfech (INB n135 et n142) (JO 16 juill. 2022, texte n39).

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