Remettre d’urgence de l’eau dans le vin en Camargue

600 hectares de vignobles ont déjà été brûlés par le sel, et la situation s’aggrave.

Question de Nicolas Meizonnet, député (RN) du Gard :

La salinité des sols augmente dans la Camargue et attaque les vignobles bénéficiant de l’indication géographique protégée « Sable de Camargue ». En plus de réduire le rendement, le sel détruit la vigne elle-même. La sécheresse de l’été 2022 a aggravé ce phénomène et affecté 1 200 des 3 000 hectares de ce vignoble. Or le delta du Rhône est un territoire unique, où les activités humaines cohabitent avec la nature depuis des siècles. L’écosystème camarguais est fragile et précieux. Si l’activité viticole venait à disparaître, ce serait une catastrophe à la fois économique et écologique.

Parmi les solutions à court terme, le syndicat mixte de la Camargue gardoise, associé à Voies navigables de France (VNF), prévoit d’utiliser les systèmes d’écluses pour augmenter les quantités d’eau douce. En parallèle, les viticulteurs toucheront des aides pour parvenir à surmonter ces difficultés. Ces mesures d’urgence sont les bienvenues, mais la Camargue a besoin d’une politique durable.

D’autres réflexions sont en cours sur l’augmentation des surfaces rizicoles à proximité, ce qui aurait le mérite de relancer la filière du riz de Camargue et de permettre cet équilibre entre l’eau douce et l’eau salée.

À long terme, c’est la modernisation du réseau hydrologique du périmètre qu’il faut envisager. Mais pour cela, il ne faudrait pas considérer l’eau pompée dans le Rhône comme une eau d’irrigation, payante, mais comme une eau d’assainissement des terres, gratuite pour les agriculteurs. Que prévoit l’État de son côté ?

Réponse de la secrétaire d’État chargée de l’écologie :

Nous suivons de très près la situation des vignobles de la Camargue et les effets du changement climatique, avec près de 600 hectares de vigne brûlés par le sel. Dès 2021, la préfète et le directeur des territoires et de la mer ont rassemblé les acteurs du monde agricole et ceux du secteur de l’eau afin de comprendre le phénomène et trouver les moyens d’action pour combattre la hausse de la salinisation des sols, pour l’atténuer ou pour s’y adapter.

Plusieurs réponses d’urgence ont été apportées et donnent de premiers résultats : VNF a effectué des éclusages à vide dès le mois de mars, afin d’injecter de l’eau douce du Rhône dans le canal du Rhône à Sète, et des mesures de salinité ont permis de constater que le taux de salinité du canal baissait lors de ces entrées d’eau douce.

Un état des lieux du réseau hydraulique agricole

Les secteurs pouvant être raccordés à un réseau d’irrigation ont été identifiés. Un tarif « canal », significativement inférieur au taux d’irrigation, a été instauré par le biais de l’agence de l’eau, de manière à permettre aux associations syndicales autorisées de prélever de l’eau pour ressuyer les sols. Et la chambre d’agriculture du Gard a réalisé un état des lieux du réseau hydraulique agricole.

Au-delà, l’État a confié une mission en mai dernier à l’inspection générale de l’environnement et du développement durable et au Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux, chargée d’identifier les perspectives à plus long terme et de proposer des solutions durables d’adaptation au changement climatique. Je recevrai leur rapport dans quelques mois.

AN, 6 déc. 2022, 1re séance.

NDLR : Pendant des siècles, les Camarguais ont lutté continuellement contre le sel. En abandonnant ces pratiques et les ouvrages qui en résultaient, les agriculteurs modernes ont laissé la nature retrouver son équilibre antérieur.

Retour