Réserve naturelle… souterraine

Un héritage imprévu de la mégalomanie de Louis XIV.

Est-il vraiment pertinent de parler d’une réserve naturelle lorsque les éléments structurants de ce territoire sont pour la plupart artificiels, et qu’ils relèvent beaucoup plus du patrimoine historique et culturel que de la nature ? En tout cas, cette réserve nationale n’aura pas son équivalent en France.

D’une superficie de 310 hectares, elle vise à protéger une partie des étangs et des rigoles qui alimentaient jadis le château de Versailles, de l’étang de la Tour à l’étang de Saint-Quentin. Ce classement, qui absorbe la réserve naturelle nationale de Saint-Quentin-en-Yvelines, permet de fixer des règles contraignantes pour la qualité de l’eau, au profit de la faune qui s’est implantée au fil des siècles dans ces ouvrages et à l’entour.

Classement en sous-sol

Compte tenu de cet objet très inhabituel, certaines des parcelles concernées ne sont classées que parce qu’elles sont situées sur le trajet de certains aqueducs souterrains : le classement ne vise alors que l’emprise de l’aqueduc en sous-sol, sans affecter la surface.

Comme dans toutes les réserves naturelles nationales, il est interdit de jeter, de déverser ou de rejeter tout produit de nature à nuire à la qualité de l’eau, du sol, du sous-sol ou du site ou à l’intégrité de la faune et de la flore, sauf dans le cadre des mesures de gestion décidées par le préfet. Il est en outre interdit d’utiliser des produits phytosanitaires. Les activités agricoles, pastorales et forestières restent néanmoins autorisées, mais certaines opérations sont soumises à l’autorisation du préfet, en particulier la création de mares.

L’accès à l’intérieur des aqueducs est interdit, sauf pour l’exploitation et l’entretien des ouvrages. Il peut également être autorisé par le préfet pour des opérations de suivi et des inventaires scientifiques dans le cadre de la gestion de la réserve.

La navigation et l’utilisation de tout engin flottant sont interdites, y compris les modèles réduits et les drones aquatiques. Toutefois, elle est autorisée pour l’entretien et la surveillance de la réserve et du réseau hydraulique, des étangs et des ouvrages, pour les bateaux des services d’intervention et de secours, ou à des fins scientifiques dans le cadre de la gestion de la réserve, et pour les propriétaires et les ayants-droits.

Barques électriques pour la pêche à la ligne

Des embarcations à moteur électrique peuvent en outre être utilisées pour la pêche de loisir sur l’étang de Saint-Hubert, dans la limite de onze barques et en respectant une distance minimale de trente mètres des roselières situées autour de l’étang. Le décret précise en détail les autres lieux où la pêche est autorisée et selon quelles modalités.

Le rempoissonnement des étangs est soumis à l’autorisation du préfet ; il est interdit dans l’étang de Saint-Quentin depuis la partie de ce plan d’eau comprise dans le périmètre de la réserve. Enfin la baignade est interdite dans l’ensemble du périmètre de la réserve.

Décret no 2021-404 du 8 avril 2021 portant création de la réserve naturelle nationale des étangs et rigoles d’Yveline (Yvelines) (JO 9 avr. 2021, texte n6).

Retour