Un vibrant plaidoyer pour le Varenne agricole de l’eau

Le monde agricole organise son propre débat sur la gestion de l’eau, en fixant ses propres bases pour parvenir à un consensus sur ses objectifs.

Question de Frédérique Tuffnell, députée (apparentée Dem) de la Charente-Maritime :

La fréquence des inondations et des sécheresses augmente sous l’effet du changement climatique, alors que les volumes des précipitations restent à peu près constants, ce qui révèle un problème de répartition. Le meilleur stockage possible est le sous-sol, parce qu’il empêche l’évaporation de l’eau, mais l’artificialisation des sols contrarie ce phénomène naturel.

J’avais donc proposé, lors de l’examen de la loi climat, qu’un rapport évalue, dans le respect de la gestion durable de la ressource en eau, les possibilités d’élaborer un dispositif de stockage réactif dérogatoire en période d’inondation. Nos débats ont malheureusement achoppé sur la défense antagoniste de différents usages et dérivés.

Face à ce problème majeur, vous venez de lancer le Varenne agricole de l’eau : c’est pour nous la meilleure réponse que vous pouviez apporter. Sa valeur tient à sa philosophie : il réunit, sans jamais les opposer, les approches agricoles et conservatoires des milieux et l’utilisation économe de la ressource.

Ce Varenne rassemble tous les acteurs dans le but de définir, dès le 1er janvier 2022, une feuille de route pour l’utilisation d’outils de gestion durable de la ressource, d’outils d’adaptation au changement climatique et de dispositifs innovants de renforcement de la résilience.

Atteindre les objectifs de la directive-cadre sur l’eau

Pour nous, les objectifs sont clairs : parvenir à une vision partagée de l’eau en agriculture, prendre en compte les enjeux de souveraineté alimentaire en accélérant l’adaptation de l’agriculture et, au-delà, atteindre les objectifs de la directive-cadre sur l’eau. Pouvez-vous nous dire comment vous pensez y parvenir ?

Réponse du ministre de l’agriculture et de l’alimentation :

À un moment donné, il faut revenir à l’essentiel et reconnaître qu’il n’est pas possible de faire de l’agriculture sans eau, contrairement à ce que certains prétendent. L’essentiel, c’est aussi de reconnaître que la question de l’usage de l’eau est très difficile parce qu’il y a un conflit, vieux comme le monde.

Mais ce n’est parce que cette question de la gestion hydraulique de notre territoire est difficile qu’il faut la mettre sous le tapis, au contraire. Il faut sortir des postures et remettre dans le débat de la raison, de la pensée et beaucoup de science. C’est tout l’objet de ce Varenne agricole de l’eau et du changement climatique que nous venons de lancer avec Bérangère Abba, secrétaire d’État chargée de la biodiversité.

Il est possible de forger des consensus. Les scientifiques reconnaissent par exemple que nous aurons des étés toujours plus chauds et, l’hiver, des pluies toujours plus diluviennes. Or, quand la nappe phréatique et le sol sont déjà gorgés d’eau, toute eau tombant au sol finit, soit en évaporation, soit dans la mer. Voilà un cas où il est possible de créer un consensus, avec méthode et raison, ainsi qu’avec de l’innovation, pour déterminer la voie à suivre une fois que le consensus est acquis. C’est aussi l’objet de ce Varenne agricole. Vous y serez évidemment associés.

JOAN CR, 2 juin 2021, p. 5666.

NDLR : Bien qu’une partie de sa circonscription soit située dans le bassin Marenne-Oléron, Frédérique Tuffnell semble avoir choisi de défendre le maïs plutôt que les huîtres. Toutefois, ses propos ne sont pas exempts d’ambiguïté.

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