o Favoriser la production d’algues en eau douce

L’Europe envisage de soutenir la production d’algues. Cet avis insiste sur l’intérêt de la développer aussi en eau douce, y compris dans des eaux usées ou polluées, en particulier pour la production d’énergie.

Parmi les projets portés par la Commission européenne figure celui de créer « un secteur des algues de l’UE fort et durable », qui fait l’objet du présent avis du Comité économique et social européen (Cese), préparé par sa section « Agriculture, développement rural et environnement ». Le rapporteur est Zsolt Kükedi, délégué du Conseil national du développement durable de la Hongrie.

Si le Cese est favorable à ce projet, il avertit que les algues n’ont pas toujours bonne presse auprès de la population européenne, parce qu’elles prolifèrent dans les eaux eutrophisées. C’est pourquoi, dans le contexte de la création d’un secteur des algues, il y a lieu de susciter la confiance dans les produits et d’accorder une attention accrue à leur sécurité.

Utiliser aussi les eaux usées

Le Cese constate aussi que la communication de la Commission n’insiste pas assez sur la possibilité de créer une source alimentaire dans un environnement d’eau douce. En outre, l’utilisation des algues ne doit pas nécessairement se limiter à cette fonction, mais peut également s’étendre aux eaux douces eutrophisées, aux eaux thermales usagées et aux eaux résiduaires, où elles peuvent servir à des fins environnementales ou énergétiques. Il convient de mettre cette ressource énorme, mais sous-utilisée, au service du développement de l’Europe, et en particulier de ses zones rurales.

Les macroalgues présentes dans les eaux marines côtières peuvent générer des recettes supplémentaires pour les entreprises de pêche. Leur extraction réduit l’eutrophisation et peut générer des produits et des services écosystémiques précieux, notamment en fournissant de nouveaux habitats pour certaines espèces. Le secteur des macroalgues d’eau douce commence tout juste à se développer et devrait donc être pris en compte dans les futurs documents stratégiques.

Dans l’Union européenne, la culture en continu des microalgues est surtout possible en réacteur fermé, ce qui implique un énorme besoin en capitaux. En revanche, elle est très productive et fiable, et de qualité prévisible. Les microalgues peuvent également être cultivées dans les eaux douces et les lacs du sud de l’Europe. Cette culture est la seule possibilité pour les États membres ne disposant pas d’un littoral maritime. Dans le même temps, quelques-uns de ces pays possèdent un niveau élevé de connaissances scientifiques et technologiques dont il convient de tirer parti lors de la création d’un secteur européen des algues.

Il convient de ne pas traiter de la même façon les macroalgues et les microalgues, qui offrent des possibilités très variées et ont des caractéristiques, des incidences et des besoins réglementaires différents. Le Cese reconnaît que la communication de la Commission ménage un équilibre raisonnable entre les deux catégories, mais il préconise d’examiner comment les États membres sans littoral maritime pourraient tirer parti de l’algoculture en eau douce. Il recommande d’adopter une approche plus équilibrée et intégrée aux secteurs connexes, d’établir une distinction claire entre les compétences de l’UE et celles des États membres et de protéger éventuellement le marché intérieur des produits d’importation peu coûteux.

Le Cese suggère de promouvoir, lors de l’établissement d’un secteur des algues, les connaissances et la sensibilisation concernant cette nouvelle industrie afin de garantir son acceptation par la société et le marché. Il invite dès lors la Commission à accorder une importance particulière à cette proposition en envisageant des enquêtes représentatives, des plans d’action par pays et la participation, voire la création, d’organisations sectorielles.

Normaliser les algues

Pour créer ce secteur, il serait notamment souhaitable de lancer un processus de normalisation englobant l’ensemble des algues, de faire figurer les différentes espèces d’algues dans le catalogue alimentaire de l’UE, de combler les lacunes en matière de connaissances techniques, de technologie et d’innovation, au moyen d’un programme ambitieux de financement de la recherche, de mettre en place des banques de matériels de multiplication d’algues, de financer leur fonctionnement et de veiller à ce que les matières premières soient disponibles à des prix raisonnables pour les producteurs d’algues et les projets de recherche et développement.

Plus largement, le Cese reprend une suggestion déjà formulée et invite les institutions européennes à commencer à accorder la priorité à la question de l’eau et à élaborer un pacte bleu pour l’Europe afin de préserver les ressources en eau, de mieux les utiliser et de relever de manière adéquate les défis qui y sont liés. Dans ce contexte, la création d’un secteur des algues de l’UE constitue une étape importante.

Avis du Comité économique et social européen sur la communication de la Commission au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social européen et au Comité des régions — « Vers un secteur des algues de l’UE fort et durable » (JOUE C 228, 29 juin 2023, p. 126).

Retour