o La Société des eaux de Volvic réduira ses prélèvements de 20 %

La source Clairvic n’est pas en connexion hydraulique avec la source du Goulet dont la baisse du débit provoque des restrictions d’usage de l’eau dans certaines communes de cette zone. Néanmoins, l’objectif d’économies d’eau s’applique aussi à l’entreprise, par principe et pour conserver cette ressource en eau.

Question de Marianne Maximi, députée (LFI) du Puy-de-Dôme :

Depuis des mois, des communes de mon département sont ravitaillées en eau potable par des camions-citernes. L’Auvergne et le Puy-de-Dôme ont longtemps été considérés comme le château d’eau de la France. Pourtant, force est de constater que le château d’eau commence à être à sec, notamment en raison de la sécheresse hivernale et de l’insuffisance des pluies récentes, qui n’ont pas permis de remplir des réserves d’eau particulièrement basses.

Pour éviter une pénurie dangereuse cet été, le préfet a donc décidé de restreindre les usages de l’eau dans plus de quarante communes. Or seuls les habitants paieront le prix de ces premières mesures préventives. Ils se trouveront par exemple contraints de renoncer à arroser leur potager, ce qui est loin d’être anodin dans le contexte actuel d’inflation, ou d’attendre la rotation du camion-citerne pour disposer d’eau.

L’eau de Volvic est largement exportée

Pendant ce temps, d’autres disposent abondamment de la ressource en eau, comme l’usine Volvic du groupe Danone, qui peut continuer à puiser et ne doit réduire ses prélèvements que de 5 % malgré le risque de pénurie : un comble, lorsqu’on sait qu’une grande partie de sa production est exportée. Alors que le manque d’eau se fera chaque année plus pressant, les autorités organisent l’accaparement de cette ressource par de grandes multinationales qui défendent leurs intérêts industriels (NDLR : pourquoi les imprécateurs d’extrême gauche ne dénoncent-ils jamais les petites multinationales ?).

La même logique est d’ailleurs à l’œuvre quand les pouvoirs publics défendent des projets de mégabassines. Pas moins de vingt et un projets, dont un constituerait la plus grande mégabassine de France, sont à l’étude dans le seul Puy-de-Dôme, où l’eau manque pourtant déjà. Si nous ne posons pas la question du partage équitable et durable de l’eau, nous courons droit à la catastrophe écologique et sociale. Entendez-vous engager une nécessaire concertation locale pour organiser un partage équitable de l’eau dans tous les départements de France ?

Réponse du ministre délégué chargé de la ville et du logement, au nom du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires :

Je connais bien votre département : lorsque j’étais professeur de physique-chimie, en compagnie de mes collègues de sciences de la vie et de la terre, j’y ai emmené régulièrement et avec plaisir des élèves faire des travaux de géologie et de sciences physiques. Or, s’il est vrai que ce département a malheureusement eu recours au citernage l’année dernière, ce n’est plus le cas depuis mars 2023, à la connaissance des services de l’État. Si certaines communes se trouvent toujours dans une telle nécessité, j’invite leur maire à se signaler auprès de l’agence régionale de santé.

Les tensions concernent une autre source

La gestion de l’eau est organisée par unité hydrologique et par bassin versant. Dans le secteur de Riom-Volvic au sujet duquel vous m’interrogez, les tensions constatées se limitent à la source du Goulet, qui n’alimente pas les points de prélèvements utilisés par la Société des eaux de Volvic, situés sur un autre réseau hydrographique superficiel, la source Clairvic. L’arrêté de restriction ne visant que les usages de l’eau potable alimentée pour tout ou partie par la source du Goulet, il ne concerne pas directement cette entreprise, à laquelle le préfet n’a demandé d’appliquer une réduction de 5 % de son autorisation mensuelle de prélèvement que pour des raisons de solidarité.

Au-delà de la gestion des périodes de sécheresse, le travail engagé par l’État pour assurer la durabilité de la ressource du bassin de Volvic s’inscrit dans le temps long et traduit les ambitions du plan Eau, qui tend à engager un effort de sobriété concernant l’ensemble des usages de l’eau, notamment ceux qu’en font les acteurs économiques. Le préfet du Puy-de-Dôme a ainsi engagé un travail structurel de réduction des prélèvements de la Société des eaux de Volvic, qui a débouché fin 2021 sur un nouvel arrêté diminuant l’autorisation de prélèvement de 10 % à partir de 2022 et de 20 % à partir de 2025.

Enfin, s’agissant des quatorze projets d’ouvrages de stockage d’eau pour l’agriculture, notre ligne est claire : il faut à la fois mener des efforts de sobriété et optimiser la disponibilité de la ressource, car il n’y aura pas d’agriculture sans eau. En revanche, ces ouvrages doivent être compatibles avec le maintien d’un bon état écologique des milieux et des autres usages de l’eau. Ils doivent donc être discutés de manière transparente et concertée dans les territoires.

Réplique de Marianne Maximi :

Je prends acte de vos annonces, mais nous attendons toujours des actes. L’inaction est d’autant plus problématique que l’accaparement de la ressource en eau tend à s’accentuer dans de nombreux départements. Il n’y aura pas d’agriculture sans eau, dites-vous : certes, mais de quelle agriculture parlez-vous ? Aucune réflexion n’est menée, ni au niveau national, ni au niveau local, sur les types d’agriculture qui conduisent à accaparer l’eau. C’est un enjeu majeur pour les habitants non seulement du Puy-de-Dôme, mais aussi de la France entière.

AN, 13 juin 2023, 1re séance.

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