Les céréales seront bloquées hors de Paris avant les JO

Entre le déminage de la Seine et le montage des décors, le trafic fluvial sera interdit à Paris pendant une semaine, juste au moment de la moisson.

Question de Pierre Cuypers, sénateur (LR) de Seine-et-Marne :

Pour les Jeux olympiques, on fermera la Seine à toute navigation. Certes, les touristes pourront bien se passer de promenade en bateau durant quelques jours. Mais ce que la mairie de Paris, la préfecture, les ministères concernés et le comité d’organisation des Jeux n’ont pas pris en compte, c’est que 60 % des flux sur la Seine permettent d’acheminer 600 000 tonnes de céréales, de biocarburant et d’autres marchandises vers Rouen, qui est le plus grand port céréalier d’Europe. Une solution a bien été proposée par la haute administration : elle consiste à décaler les moissons et les récoltes ! Pour un peu, la technocratie nous proposerait de décaler l’été. Quelles réponses concrètes le Gouvernement entend-il apporter à ces difficultés ?

Réponse de la ministre de l’éducation nationale, de la jeunesse, des sports et des Jeux olympiques et paralympiques :

Le déroulement de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques sur la Seine, le 26 juillet prochain, sera une première mondiale, car aucune autre n’a été organisée hors d’un stade ni sur un fleuve. Son organisation impose de prendre des mesures pour tenir compte de ce cadre très singulier. La fermeture à la navigation de la Seine est nécessaire, avant la cérémonie, pour effectuer le déminage des ponts, des quais et des bateaux, ainsi que pour monter le décor du spectacle.

Le préfet de région a engagé une concertation intense avec l’ensemble des personnes concernées, non pas pour décaler les moissons, les récoltes ou l’été, mais pour trouver des solutions avec les représentants des céréaliers. Ainsi, la durée de la période de fermeture du fleuve à la navigation avant la cérémonie a déjà été réduite de huit jours à sept jours et un travail d’optimisation se poursuit en liaison avec toutes les parties prenantes. Ensuite, Voies navigables de France allongera les horaires d’ouverture des écluses.

Le gestionnaire des ports fluviaux de la Seine entre l’Île-de-France et Le Havre, Haropa, a prévu des zones de stockage supplémentaires en amont et en aval de la zone fermée à la navigation, et les premiers éléments en ont été transmis aux transporteurs. En outre, un interlocuteur unique a été désigné pour relayer auprès des autorités les difficultés éventuelles qui interviendront pendant les jeux. Enfin, « concernant les préjudices que l’on pourrait constater, une méthode de travail a été définie pour en assurer le traitement » (sic). Quant aux épreuves ultérieures qui se dérouleront dans la Seine, elles ne provoqueront pas l’arrêt de la navigation durant une journée entière.

Réplique de Pierre Cuypers :

Je peux comprendre qu’il faille trois jours de fermeture pour le déminage et pour le montage des installations, mais un arrêt complet de la navigation entre le 18 et le 27 juillet sera inacceptable. On nous a dit aussi que les autorités refusaient la circulation fluviale, même partielle, par peur d’accidents sur les décors. Il ne faut tout de même pas prendre les bateliers pour des marins d’eau douce. Si la navigation est interdite durant toute cette période, cela représentera une perte de plus de 500 M pour les filières françaises. En outre, nous sommes, en France, les stockeurs de nos clients africains, indiens ou égyptiens, et si nous ne les livrons pas, les conséquences humaines seront dramatiques. Il faut trouver très vite une solution viable pour que les filières puissent s’organiser.

Sénat, 24 janv. 2024.

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