o Que faire du trop-plein de l’usine hydroélectrique de Saint-Chamas ?

Au lieu de rejeter dans l’étang de Berre l’eau turbinée, on pourrait notamment arroser la plaine de la Crau.

Question de Gabriel Amard, député (LFI) du Rhône :

Alors que nous venons de connaître une terrible sécheresse et que les nappes phréatiques ne sont pas rechargées, la présidence de la République envisagerait de troquer 4 milliards de mètres cubes d’eau par an contre des hydrocarbures, si l’on en croit une enquête du magazine Marianne.

Après des réunions en petit comité, l’Élysée semblerait envisager d’exporter l’eau utilisée par la centrale hydroélectrique de Saint-Chamas (Bouches-du-Rhône). Actuellement, celle-ci ne fonctionne qu’à 50 %, l’étang de Berre ne pouvant absorber des rejets d’eau plus importants qui mettraient son écosystème remarquable en péril. Il n’est donc pas envisageable de multiplier par deux le volume transitant par cet équipement, à moins d’étudier sérieusement l’utilisation de l’eau pour des usages indispensables aux habitants et à l’agriculture.

Alors que les tensions dont fait l’objet la ressource en eau se sont généralisées dans le pays, pouvez-vous nous assurer que vous avez complètement et définitivement abandonné ce projet incroyable ? En attendant, nous, nous marcherons à Paris dimanche, contre votre inaction climatique.

Réponse du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires :

Si vous avez prévu de marcher dimanche prochain uniquement contre ce projet, annulez votre marche, car celui-ci n’aura pas de suite. Marianne a effectivement fait état de rencontres entre des porteurs de projet et des conseillers, mais ce projet n’a pas franchi la barrière des conseillers : nous ne l’envisageons en aucune manière. Le 29 septembre, je me suis rendu à l’étang de Berre avec les trois membres de la mission d’information de 2020 sur la réhabilitation de cet étang ; cette mission a modifié en profondeur la perception des synergies nécessaires pour régler le problème.

L’étang de Berre, qui s’étend sur 15 000 hectares, est la plus grande lagune d’Europe. Paradoxalement, nous ne pouvons pas faire tourner l’usine hydroélectrique qui le borde, car le rejet d’un volume trop important d’eau potable provoquerait des dégâts pour la biodiversité de la lagune. Cela nous laisse trois possibilités : continuer à diminuer la production hydroélectrique, acheminer de l’eau salée pour diluer l’eau douce, ou réutiliser cette eau douce. C’est cette dernière solution que j’ai soutenue à la mairie de Saint-Chamas, compte tenu de l’été que nous avons vécu.

L’eau pourrait être réutilisée dans la plaine de la Crau ; elle pourrait également réalimenter l’usine hydroélectrique grâce à un circuit fermé, pour soutenir une forme d’énergie renouvelable. Nous travaillons sur ces hypothèses en liaison avec les collectivités locales : le syndicat mixte Groupement d’intérêt public pour la réhabilitation de l’étang de Berre (Gipreb), la métropole d’Aix-Marseille, la région Sud et, évidemment, EDF.

Réplique de Gabriel Amard :

Je vous remercie, car l’eau, c’est la vie, et la vie n’est pas à vendre. J’ajoute que le coût de l’hypothèse que vous mentionnez avoisine les 2 Md. Mettons-le au regard des sommes nécessaires au rechargement des nappes phréatiques, des rivières et des autres ressources d’eau douce.

AN, 11 oct. 2022, 1re séance.

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