Un plan Delta pour les wateringues du Pas-de-Calais

Une mission est chargée d’étudier la manière dont les Pays-Bas et la Belgique gèrent ce genre d’inondation. La France pourrait ainsi s’inspirer du plan Delta, qui a permis à ces deux pays de se protéger contre les submersions marines.

Question de Bertrand Petit, député (Soc) du Pas-de-Calais :

Remontés et très en colère : c’est l’état d’esprit des milliers de sinistrés du pays de Saint-Omer victimes des inondations. Malgré les visites ministérielles et les promesses, ils ont le sentiment que rien n’avance. Pourtant, il y a urgence. Il y a urgence d’abord à les indemniser. Trop d’incertitudes entourent la mobilisation du fonds de prévention des risques naturels majeurs, dit fonds Barnier, tout comme elles entourent les conditions de rachat et d’indemnisation pour ceux qui ne regagneront jamais leur maison. Pour eux, le temps presse.

Il y a urgence ensuite à mobiliser des aides immédiates pour permettre aux sinistrés de supporter les coûts de vétusté, d’acheter des matériaux de reconstruction ou de payer la taxe foncière ; je pense en particulier à ceux qui ne retourneront pas dans leur domicile avant de très longs mois.

Dans la vallée industrielle et ouvrière de Wizernes, Blendecques et Arques, des familles modestes ont tout perdu. Face à leur détresse, la réponse de l’État doit être forte et rapide. Or dans ces communes, les sinistrés déplorent l’absence significative de travaux de curage, de nettoyage et d’enlèvement des embâcles des cours d’eau. Les collectivités sont au rendez-vous, mais font avec leurs moyens. « À situation exceptionnelle, moyens exceptionnels », avez-vous dit. Quelles mesures seront prises ?

Il y a urgence encore à renforcer et à moderniser le parc des pompes vieillissantes de l’Institution intercommunale des wateringues, pour assurer l’évacuation à la mer et le curage des canaux de Voies navigables de France (VNF), comme le bief du Haut-Pont à Saint-Omer, envasé depuis des années. Il y a urgence enfin à prendre en charge les franchises des artisans et des commerçants sinistrés. Qu’en est-il ? Au moment où vous vous apprêtez à revenir dans l’Audomarois, je peux vous assurer que la colère est particulièrement palpable.

Réponse du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires :

Nous avons créé un comité ministériel de suivi, qui se réunit deux fois par mois. Le 1er février, conformément à nos engagements, le décret relatif aux opérations d’entretien des milieux aquatiques et portant diverses dispositions relatives à l’autorisation environnementale a été publié au Journal officiel. Le 2 février a par ailleurs été publié un arrêté fixant les modalités de l’expérimentation Mieux reconstruire après inondation, qui prévoit la prise en charge des batardeaux à 100 % par le fonds Barnier.

Le jour de sa nomination, le Premier ministre s’est rendu sur place et a annoncé une aide pour les très petites entreprises victimes d’inondations ; elle s’élèvera à 5 000 . La promesse du Président de la République de créer un fonds de soutien de 50 M pour aider les collectivités territoriales s’est déjà traduite par le versement de 15 M à la préfecture du Pas-de-Calais, pour le financement des pompes.

VNF a commencé les travaux d’urgence, qui portent notamment sur le canal de l’Audruicq et l’enlèvement des embâcles. Je comprends la colère qui s’exprime, mais je n’accepte pas que vous affirmiez que rien n’a été fait, d’autant que les collectivités locales et les élus se mobilisent en parallèle. Si les solutions miracle existaient, nous le saurions.

Trois missions ont été lancées. L’une d’elles vise à étudier les pratiques des Pays-Bas et de la Belgique. Pour lutter contre ces phénomènes, il ne suffit pas de construire des digues ou d’installer des pompes : il faut développer un plan de résilience qui intègre les conséquences du dérèglement climatique. Nous devons élaborer un plan qui permette de gérer les solutions dans la durée, sur le modèle du plan Delta. Nous disposerons des conclusions de cette première mission fin mars.

Dans le cadre du fonds Barnier, les modalités de rachat des maisons dont la valeur a diminué de moitié ont été précisées. Des éléments complémentaires seront apportés ces prochains jours par la préfecture du Pas-de-Calais.

AN, 7 févr. 2024.

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