Eau potable dans les DOM

L’intervention de l’État est indispensable et urgente, mais elle doit respecter le principe de la décentralisation des services d’eau.

Question de Bénédicte Taurine, députée (FI) de l’Ariège :

En Guadeloupe et en Martinique, on constate des interruptions récurrentes dans la fourniture d’eau potable à des dizaines de milliers d’habitants. Début septembre, une semaine après le retour en classe, la plupart des écoles de la région de Grande-Terre, en Guadeloupe, sont restées portes closes, principalement à cause des coupures d’eau.

À Mayotte, le manque d’accès à l’eau concernerait quatre habitants sur dix. La moitié de la population de ce département ne disposerait pas d’un raccordement au réseau d’eau potable. Pour y remédier, le préfet de Mayotte a décrété le rationnement en eau. L’anticipation aurait été de réaliser les investissements nécessaires, permettant d’améliorer le réseau. En effet, la situation n’est pas nouvelle : Mayotte a déjà connu une grave crise d’approvisionnement en eau à cause d’une sécheresse exceptionnelle. Le plan « urgence eau » promis en 2017 a été très insuffisant.

Il est inacceptable que des personnes soient privées d’eau potable. Comment comptez-vous faire pour que chacun accède à ce bien essentiel ?

Réponse du ministre des outre-mers :

L’eau est une compétence décentralisée, ce qui n’empêchera pas l’État d’agir. Les tours d’eau, tels qu’ils existent en Guadeloupe et, depuis peu, à Mayotte, ne sont pas une solution : ce n’est qu’un palliatif transitoire, en attendant de réaliser les infrastructures.

En Guadeloupe, on produit trois fois plus d’eau potable que nécessaire, mais on en perd 65 % en raison de fuites dans les réseaux. Cela veut dire qu’il y a eu un défaut d’investissement majeur ces dernières années. Maintenant, il faut faire du rattrapage et, pour ce faire, il faut apporter une réponse en matière d’ingénierie et de gestion de l’eau. Nous nous appuyons sur le concept selon lequel « l’eau paie l’eau » ; sauf que, moins on a d’eau potable, moins on arrive à facturer l’eau, et plus les services sont déficitaires. Il faut arriver à rompre ce cercle vicieux. C’est très important et très urgent, notamment en Guadeloupe.

De l’argent est mis sur la table pour accompagner les collectivités : c’est le plan « Eau DOM ». En outre, dans le plan de relance, nous mobilisons 50 M supplémentaires pour les réseaux d’eau potable et aussi parfois d’assainissement, parce que les deux peuvent être liés. L’enjeu pour l’État, maintenant, c’est d’accompagner les communes et leurs groupements sans se substituer à eux. Ou alors, soyez plus directe et demandez la recentralisation de la compétence eau : au moins, nous aurons un débat clair !

JOAN CR, 16 sept. 2020, p. 6046.

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