Éditorial : Xixi no banho ?

La grande affaire du Brésil en cet automne 2009 sera de réduire sa consommation d’eau potable pour, paraît-il, protéger la forêt. Toutes les télés ont donc passé un petit film drôle et bien troussé, qui assigne à la population brésilienne un nouveau mot d’ordre : « Faça xixi no banho ! », c’est-à-dire : « Faites pipi sous la douche ! ». Cette publicité est complétée par un site qui décline toutes les nuances du jaune (NDLR : ce site a désormais disparu).

L’argument de cette campagne est qu’à chaque fois qu’on profite d’une douche pour faire xixi (prononcez « chichi »), on économise le volume d’une chasse d’eau. Certes, mais à trop vouloir convaincre, le film finit par s’emmêler les pinceaux, en proclamant qu’ « une chasse gaspille jusqu’à 12 litres d’eau potable. En un an, cela fait 4 380 litres. » Si vraiment les Brésiliens ont encore des chasses de 12 litres avec un seul bouton, leur gouvernement ferait mieux de les inciter à installer des mécanismes à deux boutons, qui font économiser 40 litres par jour et par personne et qui se rentabilisent en quelques mois, du moins pour les abonnés qui paient leur facture. En France, il y a longtemps que tout le monde a modernisé sa chasse et qu’on ne consomme plus que 5 litres en moyenne, voire moins, chaque fois qu’on fait xixi. En suivant le conseil du film, un Français n’économiserait donc que 1 830 litres par an, à raison d’une douche par jour.

Tout cela peut sembler anecdotique, mais un regard sur le web montre que le sujet suscite des idées surprenantes pour économiser l’eau. Je suppose qu’on peut ranger parmi les plaisantins celui qui suggère de sortir faire xixi dans la rue ; encore qu’en relisant Le Gendarme est sans pitié, de Georges Courteline, vous constaterez que d’autres y ont déjà pensé. Je suis plus perplexe devant cette femme qui proclame fièrement qu’elle fait toujours xixi au-dessus de sa baignoire, un pied sur chaque rebord : le jour où elle glissera de son perchoir et se cassera quelque chose, cela coûtera beaucoup plus cher que quelques mètres cubes d’eau. Et je suis vraiment révolté par cet homme qui proclame son droit à faire xixi dans le lavabo, même au détriment de sa vie sentimentale.

Mon conseil : faça xixi comme vous voulez, mais à condition de respecter les autres, l’hygiène et l’environnement.

René-Martin Simonnet

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