Le plan France relance a attribué 600 M€ pour l’irrigation

Le ministère chargé de l’agriculture veut faire aboutir le plus grand nombre possible de projets de retenues collinaires.

Question de Pierre-Antoine Levi, sénateur (UC) de Tarn-et-Garonne :

Cet été, la sécheresse a touché l’ensemble du territoire français. De plus, avec la hausse massive des températures, le phénomène d’évapotranspiration des plantes augmente et le bilan hydrique des sols devient alarmant. L’eau est un enjeu majeur pour le monde agricole. Sans mobilisation des pouvoirs publics, c’est notre agriculture tout entière qui sera menacée. Il faut développer le captage et la gestion de l’eau tout au long de l’année, puisque les projections sur le long terme prévoient que le volume annuel de pluie ne va pas diminuer, mais se concentrer dans le temps.

Les normes bloquent les retenues collinaires

Des solutions existent, comme les retenues collinaires ou les barrages, mais elles sont difficiles à appliquer. Les normes bloquent et découragent toute initiative en ce sens. Vous me répondrez peut-être que le problème vient de l’Europe. Mais alors, pourquoi l’Espagne, qui a deux fois moins de ressources en eau que la France, parvient-elle à en capter presque dix fois plus ?

Pour y arriver, il faut du volontarisme et du courage politique. Or l’État en a souvent manqué. L’abandon du barrage de Sivens en est un exemple caractéristique (NDLR : à chacun son opinion). Comment comptez-vous aider le monde agricole à affronter les épisodes de sécheresse ?

Réponse du ministre de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire :

Pour gérer la crise dans l’urgence, nous avons pris des mesures de régulation de l’usage de l’eau, des mesures d’aide au coût de l’alimentation animale et des mesures de prévention des risques d’incendie qui menacent les cultures. Nous avons également identifié des besoins de trésorerie, car un certain nombre d’éleveurs doivent acheter de l’alimentation pour leur cheptel, et nous travaillons à les aider. Enfin nous activons, le cas échéant, les dispositifs classiques de gestion de crise que nous connaissons.

Toutefois, il nous faut aussi raisonner à plus long terme sur la gestion de l’eau. D’abord, nous soutenons l’innovation au travers du plan France relance, qui a permis de dégager plus de 600 M au profit des agriculteurs, afin que ceux-ci puissent acquérir des équipements adaptés pour faire face aux exigences de la gestion de l’eau, en particulier pour l’irrigation. Ensuite, nous veillons à faciliter l’accès à l’eau, conformément aux conclusions du Varenne de l’eau, qui vont au-delà du seul déploiement d’un système assurantiel. Le décret encadrant les volumes d’eau prélevables, très attendu par les professionnels, a été publié.

Enfin, nous développons la construction de retenues collinaires, c’est-à-dire de retenues d’eau permettant de faire face à la dérégulation pluviométrique, conséquence de la dérégulation climatique. J’y travaille avec le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, territoire par territoire, en identifiant les projets à développer et en levant les contraintes administratives qui bloquent la situation, qu’elles relèvent de la temporalité ou qu’elles soient d’ordre juridique.

JO Sénat CR, 28 juill. 2022, p. 2560.

Retour