o Les bassines prévues dans les Deux-Sèvres seront réalisées

L’État a bien l’intention de faire appliquer le protocole de 2018, même si certains signataires estiment désormais qu’il n’est pas respecté.

Question de Delphine Batho, députée (Écolo) des Deux-Sèvres :

Comme tant d’autres en France, mon département a fortement souffert de la sécheresse et de la canicule, qui ont affecté les cours d’eau, les agriculteurs et même la production d’eau potable. Il y a des années, face à la pénurie d’eau, nous avions fait le pari du dialogue, lequel avait débouché sur un protocole pour réduire l’irrigation et transformer obligatoirement les pratiques agricoles pour sortir des pesticides et des engrais, et replanter des haies.

Ce protocole n’existe plus, car l’État l’a piétiné. Les associations et les élus qui ont cru au dialogue ont été roulés dans la farine. Pour l’État, ce protocole n’était qu’une devanture pour conduire les travaux de construction de grandes réserves d’eau pour l’irrigation.

Allez-vous prononcer l’arrêt de ces travaux ? Allez-vous organiser un référendum local pour que les habitants décident de la gestion de ce bien commun qu’est l’eau ? Ou bien allez-vous passer en force pour faire des Deux-Sèvres et du marais poitevin le laboratoire d’essai de la guerre de l’eau qui couve partout dans le pays ?

Réponse du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires :

En ce moment, la moitié de nos départements sont encore confrontés à une pluviométrie insuffisante qui nous conduit à maintenir des arrêtés de crise ou des arrêtés de restriction, principalement dans trois de nos six grands bassins. Fin septembre, Bérangère Couillard, Agnès Firmin Le Bodo et moi-même avons engagé des travaux sur ce sujet.

Avec le Comité national de l’eau, les présidents des comités de bassins et les élus locaux, nous avons lancé la mobilisation contre les fuites et contre le gaspillage de l’eau potable ; il s’agit aussi de multiplier les possibilités de réutilisation de l’eau.

Vous évoquez un sujet que vous connaissez mieux que moi, parce que le protocole dont vous parlez, vous l’avez signé en 2018. Il consiste à réaliser des bassines, et une étude scientifique de juillet dernier a conclu que ce serait bon pour les étiages et pour les débits. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est une étude du BRGM de juillet 2022. Ce projet est toujours soutenu par le président du conseil régional de l’Aquitaine et par la présidente du conseil départemental des Deux-Sèvres. Il a fait l’objet d’actions en justice qui n’ont pas débouché sur des annulations.

Oui, il faut réduire les prélèvements et la consommation, afin de protéger les nappes phréatiques, mais l’eau pour l’agriculture, ce n’est pas une privatisation de l’eau : c’est l’eau pour se nourrir. De plus, il y a eu des débordements à l’occasion de certaines manifestations. Faites attention à ne pas provoquer des violences. Il y a un an, des gendarmes ont été blessés. On ne peut pas se lever pour leur rendre hommage et pousser à la violence.

Réplique de Delphine Batho :

Je suis une opposante démocratique à ce projet. Je connais par cœur la vieille ficelle qui consiste à mettre en avant les agissements violents d’une minorité que nous condamnons pour ne pas entendre la voix d’une majorité forte et non violente, qui demande pacifiquement l’arrêt du projet. Vous dites qu’il est légal, c’est ce qu’on disait de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et du barrage de Sivens.

AN, 25 oct. 2022, 1re séance.

NDLR : Les affrontements très violents du week-end dernier, autour de la bassine de Sainte-Soline, ne risquent pas de calmer les esprits dans ce département.

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