Nouveaux forages profonds en Gironde : rien n’est décidé

Ce projet est porté par Bordeaux Métropole, qui n’a pour l’instant demandé aucune autorisation.

Question de Benoit Simian, député (LT) de la Gironde :

Une catastrophe écologique se profile dans mon département, au cœur du parc naturel régional créé en 2019, avec un projet de forages en nappes profondes visant à alimenter Bordeaux Métropole en eau potable. Ce projet, qui comprend une quinzaine de forages de 300 m de profondeur, représente un risque écologique et aurait un impact négatif sur la nappe superficielle.

Il pourrait se traduire par un abaissement du niveau de nos nappes phréatiques en été, d’une ampleur telle que nos forêts de pins maritimes courraient le risque de voir leur croissance ralentir, voire de disparaître. De plus, on nous dit que l’alimentation en eau potable de certaines stations balnéaires, comme Lacanau, pourrait être menacée.

Ce projet mené sans concertation provoque l’inquiétude des populations concernées. Le BRGM estime que la zone touchée s’étend sur 15 000 hectares. Je vous ai saisie en mai dernier pour que vous diligentiez une mission d’inspection du Conseil général de l’environnement et du développement durable, ce qui m’apparaît aujourd’hui comme une urgence. Pouvez-vous prendre l’engagement que votre ministère mettra un terme à ce projet risqué pour les générations futures ?

Réponse de la ministre de la transition écologique :

La gestion de l’eau est l’une des questions cruciales des années à venir, d’autant plus que le réchauffement climatique rend les bouleversements de plus en plus rapides : nous devons nous y adapter. Les plans territoriaux de gestion de l’eau sont à cet égard essentiels.

Votre département dispose de nappes profondes d’une grande qualité, qui assurent actuellement la quasi-totalité de l’alimentation en eau potable du secteur. Cependant, compte tenu de sa croissance démographique, et malgré les économies d’eau obtenues ces dernières années grâce aux travaux qui ont été réalisés, il faut entreprendre des projets de substitution pour soulager des nappes qui connaissent des déséquilibres.

Un projet en gestation depuis 2014

Le projet que vous avez évoqué est à l’étude, sous la maîtrise d’ouvrage de Bordeaux Métropole. L’eau serait issue de nappes qui ne sont pas déficitaires. Elle desservirait la métropole, mais aussi l’Entre-deux-Mers et le sud de l’agglomération bordelaise. Ce projet de champ captant étant ancien, une concertation a été menée en 2014 et des études d’impact ont été réalisées par le BRGM et par l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement, avec des conclusions plutôt rassurantes à ce stade. Bordeaux Métropole a depuis peu relancé la concertation, qui s’était interrompue en 2019.

Dans ce cadre, des études environnementales ont commencé en septembre 2020. Aucune demande d’autorisation n’a été déposée à ce stade, sachant que, dans tous les cas, une concertation préalable, sous l’égide de la Commission nationale du débat public, doit être organisée avant un tel dépôt, pour permettre à chacun de s’exprimer. Cette concertation devra discuter de la dimension d’intérêt général du projet, s’agissant notamment de la gestion équilibrée de la ressource en eau, et faire le point sur les études déjà menées. Et si les conclusions de la concertation conduisaient à devoir solliciter des études supplémentaires, l’État s’assurera qu’elles soient correctement réalisées.

AN, 7 sept. 2021.

Retour